Au-dessus d’elle, le vol silencieux des papillons. C’est sympa les papillons. C’est beau, ça dérange pas.
KO. Complètement KO. Recroquevillée, là, elle se sent bien. La journée passe doucement, sans souci, et elle, pareil.
Le plus gros papillon vient un moment se poser sur son bras droit. Il relève sa manche, bat lentement des ailes, comme ça, dans le vide, pour rien, et repart.
Un autre papillon vole dans son champ de vision. On dirait qu’il la regarde, qu’il claque des ailes devant elle exprès pour attirer son attention, pour obtenir une réponse ou un geste en retour.
Ils commencent à être chiants ces papillons là! Voilà maintenant qu’ils exécutent un survol collectif de son corps… Se sont-ils passés le mot ? Par les antennes ? Elle capte rien.
Elle est juste bien, là, allongée. Même si elle ne parvient ni à bouger ni à parler. La fatigue est sa meilleure amie aujourd’hui. Quoique… Elle y est peut-être allée un peu fort, ce coup-là. Pas grave. Y’a rien de grave.
Elle ferme les yeux et les rouvre, les papillons se dispersent. Elle ferme les yeux et les rouvre, les papillons s’agitent. Elle ferme les yeux et les rouvre, elle entend les sirènes hurler et voit ce mec baraque en blouse blanche lui coller une claque, ordonnant qu’elle reste avec lui. Elle ferme les yeux.
Street art par Jef Aérosol