J’aime les panneaux de nos rues, les détourner, en faire des sans interdits, me prélasser nue sur leur fond rouge, épouser leur forme, chauffer à blanc leur barre, susciter l’émoi et la chaleur, surchauffer moteurs et kilomètres/heures bien au-delà des limites admises, car à mon sens, le sens interdit indique par essence le courant à remonter pour éprouver quelque sentiment de liberté, et c’est pourquoi j’apprécie de m’y exhiber, transformant l’interdit en réclame pour mes formes, illusion, fantasme pour le conducteur, qui en perdant ses heures à me reluquer, finira par bloquer la circulation et la sienne par la même occasion à la réception d’un doux billet de l’agent le sifflant à l’ordre, qui lui-même aura tôt fait, en me voyant dans le plus simple appareil, de poser là son séant, m’adressant cette fois ses sifflements, et me contempler, acceptant par là-même de se faire gueuler dessus par le précédent monsieur, mécontent de sa contravention, et dont les sens échauffés par tout ce spectacle, le porterait à ébullition, à porter des coups sur l’autre bêta en admiration, tous deux s’empoignant finalement et se cognant dessus sous mes dessous, sans plus apprécier ce que j’ai à leur montrer, ultime jouissance, récompense la plus haute entre toutes les distinctions : le boxon.
Street art par Clet Abraham