L’une imitait sa démarche. Un autre faisait mine de l’attraper avec une pince, comme dans les fêtes foraines. Un autre imitait devant elle le lapin à suivre. Un dernier lui offrait une fleur.
Leur dernière mission s’était révélée éprouvante pour l’équipe. Une infiltration dans un bâtiment des quartiers chics, pour y rencontrer un programme d’archivage crypté des améliorations apportées au système.
Ça avait failli mal finir. La nouvelle recrue avait encore du mal à respecter le protocole d’immersion : une fois connecté, toute rencontre est un agent potentiel. Toute interaction représente donc un danger. Ainsi, le simple fait d’aider une vieille dame à ramasser ses courses éparpillées au sol avait dégénéré en fusillade et poursuite par les agents tous identiques du système.
Cette fois encore, ils avaient eu de la chance. Une ligne sécurisée repérée à la dernière minute leur avait permis de rejoindre sains et saufs le Nabucchadnezar, ramenant à son bord les dernières nouveautés du programme maître.
Le temps de leur installation, l’équipe décompressait comme à son habitude avec un jeu simple : former avec leurs mains des ombres chinoises qu’ils faisaient interagir avec des éléments de leur environnement… maigre exutoire à la pauvreté de leur situation en dehors du monde connecté.
Et cette fois-ci, leurs ombres dansaient avec la femme en robe rouge qui s’affichait sur l’écran principal.
L’installation était terminée. Le programme test de la Matrice était à jour. Ils pouvaient se remettre au travail.
Street art par oji // Pour une analyse du cinéma des Wachowski en général et de la trilogie de Matrix en particulier, sa signification, son message et la façon dont cela est rendu dans leur réalisation, je vous recommande l’excellente rétrospective de Durendal sur le sujet :