Et va et vient, et va et vient… En son tambour calmement lancé dans un mouvement infiniment répété, la mer bleue berce les peuples habitant ses eaux. Les vagues sans discontinuer passent en surface et leur puissance profonde masse les écailles colorées, prélude d’un sommeil en apesanteur.
Des myriades d’yeux globuleux se ferment et s’ouvrent et se referment, comme autant de témoins lumineux distribués sur un damier vivant, dont les ampoules s’allument et s’éteignent, indiquant les voies qu’empruntent les lames de fond. Une foule de nageoires joyeuses ondulent sur place en accord avec la danse salée, rituel sans début ni fin. Les coquillages finement nacrés tapissent le sol et dans leur chambre creuse résonnent les comptines annonçant que la nuit est proche. Ainsi s’endort la vie sous marine qui se fige suspendue.
Et monte le grondement de l’océan. Et tournoie le sable. Le monstre avale les distances comme si elles n’étaient rien ; il domine le peuple des endormis. Nul ne le voit ailleurs qu’en rêve, à l’heure où se renversent l’ordre des choses, où la mer et ses vagues se couvrent d’argent, où les sombres abîmes deviennent un ciel embrasé, là au moment des mystères, la Bête merveilleuse s’envole rejoindre les astres du firmament.
Street art Paris par artiste inconnu (merci si vous avez l’info de me contacter).
En me rendant au travail, vers les Halles, j’ai un matin remarqué un petit pochoir en deux parties. Une première partie représente une baleine ailée, et une deuxième place au dessus de sa tête une lune. La mise en scène laisse penser que peut-être l’animal prend son envol pour rejoindre la lune. J’ai eu la chance de retrouver ce même pochoir, publié ici en photo, rue Quincampoix, c’est-à-dire à peu près dans le même quartier. Ce qui me plaît le plus dans ce genre de petites œuvres, c’est son anonymat et la simplicité de sa poésie. Un dessin onirique offert dans la rue à notre imagination.