Souriez, vous êtes codés! – Street art 15è arrondissement, Paris

Elle était parfaite. Elle ondulait lentement, laissant ses mains glisser sur tout son corps. Son déhanché suivait une musique qu’il trouvait un peu quelconque et en même temps parfaitement adaptée à la scène, un rythme étouffé sur lequel passaient quelques notes de saxo.
Puis elle ôta ses vêtements un à un, jusqu’à se retrouver quasiment nue, sur ses genoux, son pouce droit emportant la dentelle de son dessous tandis que sa main gauche cachait quelques instants encore sa poitrine.

Pause.

Il la mit sur pause. Là, elle était splendide.
Il quitta son fauteuil, gardant le casque sur la tête, et se mit à tourner dans la pièce, autour du point-même où elle apparaissait en projection, la regardant sous tous les angles, sous le charme. Il avait l’impression de pratiquement pouvoir la toucher… pratiquement.

La qualité des projections immersives avait fait de grands progrès. Les capteurs des casques connectés parvenaient aujourd’hui, en plus de l’enregistrement des données physiologiques, à décrypter en direct les sentiments, les émotions, ainsi que les volontés associées, réalistes ou fantasmées, et projetaient ainsi des animations uniques, fabriquées en temps réel par le désir de leurs utilisateurs.
Toute l’activité physique et cérébrale résultant de ces nouveaux divertissements étaient autant de données collectées par les géants du neuro-market.

En un strip tease, les données transmises permettraient d’évaluer la santé cardiaque du cobaye, de lui recommander une diète adaptée, de lui proposer une salle de sport à proximité, de lui indiquer des profils optimaux sur les sites de rencontres, de lui faire des recommandations vestimentaires selon les préférences globales d’un panel représentatif de ces choix optimaux, ainsi que la lessive qui va avec.

La technologie réalisait le fantasme de tous vendeurs: explorer, archiver, traduire en propositions pubs instantanées chaque indicateur humain. Mieux doté qu’une police gouvernementale, le marketing global contribuait à l’administration du monde, double mercantile de l’état civil, système auquel tous adhéraient sans vouloir l’admettre… comme on visite un site de charme.


Je vous recommande l’excellent documentaire « une contre-histoire de l’Internet » diffusé en 2013 sur Arte (fiche wiki). Le film donne la parole à une série d’intervenants de différents pays et de différentes compétences, et qui ensemble retracent l’histoire du web, ses questions légales, sa neutralité, l’open source, ses enjeux civiques et politiques parmi lesquels la vie privée.

C’est où?

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