« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » Patrick Le Lay, PDG de TF1, 2004.
« La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population. Or en mettant l’accent sur les faits divers , en remplissant ce temps rare par du vide, du rien ou du presque rien, on écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques. » Pierre Bourdieu, Sur la Télévision, 1996.
« Une maison brûle, mais elle n’intéresse personne. Par contre, à 50 mètres de là, devant la vitrine d’un magasin, on regarde les maisons brûler sur l’écran d’une télévision. La réalité est là, à deux pas, mais on préfère la guetter sur le petit écran : puisqu’on l’a choisie pour vous la montrer, ça doit être mieux que cette maison qui brûle à côté de vous. La civilisation de l’image est à son apogée. » Romain Gary, Chien Blanc, 1970.
« L’homme manque de loisirs ? le fermier assis l’hiver près de son feu, se fabriquant au couteau une cuiller de bois en crachant de temps en temps dans les cendres, lui en avait. Il était plus libre que l’homme d’aujourd’hui, incapable de résister aux slogans de la télévision. » Marguerite Yourcenar, Les Yeux Ouverts, 1980.
« La télévision, d’Etat ou pas, c’est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser, ou n’importe quoi d’autre qu’on puisse soupçonner d’intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s’émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d’un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire. » Pierre Desproges
« Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu’un l’allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis. » Groucho Marx.
Si les enquêtes sur la télévision et ses acteurs vous intéressent, je vous recommande le documentaire de Pierre Carles « pas vu, pas pris ». Tout part d’une discussion enregistrée en « off » en 1994 sur un plateau de télé entre François Léotard, Ministre de la Défense, et Etienne Mougeotte, Directeur des programmes de TF1, montrant une grande complicité entre les deux hommes. Pierre Carles prend ce matériau comme base de travail et rencontre les stars journalistes de l’époque pour leur demander s’ils seraient d’accord pour diffuser le document video. C’est un documentaire intéressant dont il convient néanmoins de relativiser le contenu et donc la portée, certaines questions entourant notamment ses partis-pris. Vous trouverez dans cet article une critique équilibrée du documentaire.