Il enclencha le mécanisme, courut se mettre à l’abri et, s’accroupissant derrière le muret, il pressa ses mains contre ses oreilles. Même ainsi, le bruit de la détonation l’abrutit quelques instants. Mais vite, pas de temps à perdre : le cœur du réacteur était à sa portée et la Garde rappliquerait bientôt.
La déflagration avait emporté une partie du mur de la centrale, juste ce qu’il lui fallait pour s’engouffrer dans la faille et se précipiter vers son objectif. Déjà de loin, il pouvait apercevoir l’activité néfaste du réacteur à laquelle il s’était juré de mettre un terme.
Le réacteur était de loin le secret le mieux gardé de la Cité. Enfoui à l’intérieur d’une des tours de la ville, sa sécurité reposait essentiellement sur sa discrétion.
Les habitants l’ignoraient, mais le réacteur clandestin émettait à travers toute la Cité des ondes sensorielles. Celles-ci assuraient au Conseil le contrôle de la population par ses humeurs. Finies violence, euphorie, grève, rébellion… et liberté.
Ancien ingénieur de la Garde Citoyenne, il avait basculé dans une frénétique envie de destruction du réacteur. Les premiers essais de ce dernier avaient été effectués sur des citoyens kidnappées, voués à un sort funeste… un crime de masse qui avait touché les siens. Et aujourd’hui, il allait les venger.
Street art par Alessandro Etnik