Je me souviens cette colo. Au fond de cette grande prairie qui nous servait de jardin, il y avait des balançoires.
Et va et vient, et va vient.
Nul besoin de maîtriser le cours de physique sur la force – qui ferait d’ailleurs l’objet d’une interro à la rentrée – c’est d’un mouvement instinctif que, bambin, on tend ses jambes dans un sens et on les rétracte dans l’autre.
Les balançoires étaient un lieu de rendez-vous. Une de ces activités mixtes où garçons et filles s’observaient de loin. Chacun de son côté explorait ou copiait les nombreuses manières de se balancer: normale, torsade, debout, sur le ventre, à deux.
Et va et vient, et va et vient.
Et puis il y avait cette fille. Elle ne venait qu’aux colos courtes du printemps. Chaque année, c’était elle mon amoureuse, c’est-à-dire qu’on rigolait bien mais qu’elle resterait un doux rêve. Elle en faisait bien de la balançoire et me demandait de la pousser le plus fort possible.
Je n’ai jamais su ce qu’elle est devenue. Les gens marquants n’annoncent jamais d’avance combien de temps ils resteront dans vos vies.
Et va et vient, et va et vient.
Street art par @alicepasquini (site web)