La cible était en vue. Ses ailes colorées s’agitaient sous ses yeux gonflés d’envie. Il savoura le temps qu’il fallait les aller et venu de la chenille volante et puis finalement ne tint plus. Ses pattes se resserrèrent, ses griffes prirent leurs marques dans le vieux bois, ses oreilles se couchèrent en même temps que sa queue se plaqua au sol, battant un rythme nerveux. Sa posture peaufinée, électrisée par son impatience, le chaton lâcha des trémolos roucoulants dont sa gorge débordait.
Il libéra toute l’énergie accumulée par son attente et s’élança depuis le bord du buffet pour attraper le papillon. C’était sûr, tout était paramétré : l’insecte n’en avait plus pour long à parader.
Mais en survolant la tête de son propriétaire, l’une de ses griffes accrocha une boule de poils imprévue. Il se prit dedans et atterrit d’urgence sur le tapis, tout emberlificoté dans la masse de cheveux. Son propriétaire, lassé par l’exercice, aida la bestiole à se démêler et par la même occasion, grommelant, récupéra sa dignité.
Street art par Christian Guémy