Les événements avaient pris trop de vitesse en dévalant la pente de la tragédie. Leur aboutissement funeste devenu inexorable, Ichirô assista calme et impuissant au dernier acte de leur réalisation.
Des années de mise en garde contre une possible escalade des violences, des années de commémoration d’une des plus grandes tragédies humaines, des années d’évaluation des risques stratégiques ne pesaient rien face à la folie acharnée des Hommes.
En cet instant précis où la bombe venait de toucher le sol, Ichirô porta un dernier regard sur sa ville. Le rayonnement qui suivit l’impact envahit tout. Sa chaleur montait de toute part. Le jeune homme ne comprenait plus d’où venait cette lumière, et sentait chaque partie de son corps se consumer.
Bientôt il ne fut plus que poussière. Bientôt le monde qu’il avait connu ne fut plus que ruine.
Street art par Hopare // Je vous recommande chaudement la visite de la rue Germaine Taillefer, ainsi que la rue Ourcq toute proche. Vous y verrez deux murs entièrement recouverts d’oeuvres, graffiti, peintures de nombreux artistes. Celles-ci sont réalisées dans le cadre du festival street art Ourcq Living Colors qui oeuvre à la mise en valeur du XIXè arrondissement en associant habitants et institutions.
Le personnage d’Ichirô est nommé ainsi d’après l’un des deux protagonistes du roman épistolaire « l’enfant d’Hiroshima », correspondance authentique entre Ichirô et Isiko Hatano. Mère et fils échangent dans le Japon de la Seconde Guerre Mondiale, et l’on vit à leurs côtés le rationnement, les bombardements et la défaite. Bien que les personnages ne sont pas inquiétés par le bombardement d’Hiroshima, cette famille fournit un témoignage direct du Japon de l’époque. L’actualité et les questions qui entourent les capacités nucléaires de la Corée du Nord lèvent de nombreuses inquiétudes quant à l’éventualité d’une nouvelle catastrophe humaine. En me baladant récemment rue Germaine Taillefer et en revoyant ce superbe portrait d’Hopare, l’idée m’est venu qu’il était envisageable qu’Hiroshima soit à nouveau touché, et Ichirô cette fois-ci victime.
Sur la thématique de l’homme et de la conscience qu’il a ou non de son pouvoir, j’avais écrit il y a quelques années un court essai, sous forme de conte, illustré de photos que j’ai prises pour certaines au Japon, notamment au Mémorial d’Hiroshima.