Arrivé au cœur de la ville, tout autour les pierres. Le regard sans horizon, sans demain, sans hier. Le froid dans la chaleur, les briques en ébullition. Au croisement des rues et des murs, dernier bastion.
Là, roches lasses, écaillées, desséchées, désolation des trottoirs désertés. Ni raison, ni tumulte dehors, rien qu’une pauvreté indomptée. Lorsqu’enfin jaillit la vie, n’en pouvant plus de l’absence de bruit. Elle croît en tout sol, de toute terre infertile, elle fait son logis.
Ses racines brûlantes se déploient, le vide est comblé. Néant, abîmes, abysses, tous passent. Ses branches, une armée.
Qui saura dire l’arbre et ses possibilités? Qui pourrait prédire la destination des voies qui le dépassent? Personne en vérité.
Street art par Pejac
Pejac à Bushwick, NY
Pejac est un artiste espagnol qui partage avec nous un univers singulier. Entre poésie, humour et militantisme, son œuvre met systématiquement en scène avec une grande intelligence des situations paradoxales de la vie et de la condition humaine, animale, environnementale. Dans le cas présent, il a réalisé cet arbre en peignant quelques briques d’un mur du quartier de Bushwick à Brookly, en mars 2018. On peut d’ailleurs voir la façon dont il a travaillé sur cette pièce avec les photos de cet article (en anglais).
Pour ma part, c’est à Paris dans le 13è arrondissement, près de la Place d’Italie, que j’ai découvert son œuvre. Il s’agit d’une pièce toujours visible, pleine d’originalité, dans laquelle une silhouette lance contre le mur quelque chose, qui se révèle être une miniature du Déjeuner dans l’Herbe de Manet. La photo de cette œuvre habille d’ailleurs la colonne de navigation gauche de ce site web.
L’exposition « Waterline »
Si vous souhaitez voir plus de dessins de Pejac, je vous invite à visiter la galerie de photos que j’ai publiée sur le blog de « la voix de l’art urbain ». Cette collection était présentée lors de son exposition éclair à Paris, intitulée « Waterline », en juin dernier. En un mot : superbe !