À la tombée de la nuit, lorsque les rues se teintent d’or, apparaît le Renard. D’une patte méfiante, il longe les murs du village. Chaque odeur, chaque forme, chaque bruit suspects l’immobilisent lui donnant l’allure d’un hiéroglyphe ancien, caractère hapax traduisant « l’instinct animal en alerte prenant la posture de l’attente de celui qui guette une suite aux événements ». Et la suite est toujours le silence en cette heure avancée.
Moustaches tendues et truffe active, il suit la piste qu’il a établie à fourrure et à mesure de ses visites nocturnes. Déjà au loin, brillent les fenêtres qui l’intéressent.
Arrivé au portique, comme l’eau se transvase de la carafe au verre, le Renard se déverse dans le petit jardin qui borde son objectif, la maison qui lui plaît. Il se faufile entre les plantes et les fleurs, gardiennes des lieux, le lierre caresse son pelage.
Enfin il se poste sous le rebord de la fenêtre d’où opérera bientôt la magie qui chaque soir lui donne rendez-vous à cet endroit. Son visage affiche déjà le plaisir, ses yeux se ferment pour mieux le savourer, ses oreilles se dressent, devançant les premières notes, celles qu’une mère offre à son petit au moment du coucher.
Streetart par Smile