Georges Méliès (1861-1938), de profession illusionniste et prestidigitateur, est considéré comme l’un des pères du Septième Art qu’il découvre comme technique d’animation en 1895 lors d’une projection des Frères Lumière et s’approprie pour composer ses « tableaux », mêlant trucages, féérie et poésie. Voici une sélection de citations de Méliès où il présente différents aspects de la confection de son art.
« Veut-on savoir comment me vint la première idée d’appliquer le truc au cinématographe? Bien simplement, ma foi. Un blocage de l’appareil dont je me servais au début produisit un effet inconnu, un jour que je photographiais prosaïquement la Place de l’Opéra, une minute fut nécessaire pour débloquer la pellicule et remettre l’appareil en marche. Pendant cette minute, les passants, omnibus, voitures avaient changé de place, bien entendu. En projetant la bande, ressoudée au point où s’était produite la rupture, je vis subitement un omnibus Madeleine – Bastille changé un corbillard et des hommes changés en femmes. Le truc par substitution, dit truc à arrêt, était trouvé. »
« […] je dis, moi : le cinéma est un Art, car il est le produit de tous les arts. […] en ce qui me concerne, ne croyez pas que je me considère comme rabaissé en m’entendant traiter dédaigneusement d’ « artiste » car si vous, « commerçants », vous n’aviez pas des artistes pour vous les faire [les films], je me demande ce que vous pourriez vendre! »
« Il est très difficile de trouver de bons artistes pour le cinématographe. Tel acteur, excellent au théâtre, étoile même, ne vaut absolument rien dans une scène cinématographique. Souvent même des mimes de profession y sont mauvais […] Cela vient de ce que la mimique cinématographique exige tout une étude et des qualités spéciales. Là plus de public auquel l’acteur s’adresse, soit verbalement, soit en mimant. Seul l’appareil est spectateur, et rien n’est plus mauvais que de le regarder et de s’occuper de lui lorsqu’on joue, ce qui arrive invariablement, les premières fois, aux acteurs habitués à la scène et non au cinématographe. Il faut que l’acteur se figure qu’il doit se faire comprendre, tout en étant muet, par des sourds qui le regardent.»
Ces citations proviennent de l’excellent travail de mémoire de recherche d’Aude Bertrand (2010), alors étudiante en histoire de l’art et spécialisée en culture de l’écrit et de l’image à l’Université de Lyon, et intitulé « Georges Méliès et les professionnels de son temps« .
Voici également, dans sa version originale, en muet, et en noir et blanc, « Le Voyage dans la Lune » (1902), dont la mosaïque qui illustre cet article est tiré. Youtube vous propose par ailleurs de bonnes ressources pour explorer l’oeuvre de Méliès.
Enfin, le « Voyage dans la Lune », avec son imagerie si spécifique, a inspiré de nombreuses utilisations, clins d’oeil et représentations dans la culture populaire moderne, parmi lesquelles je vous propose de découvrir ou de redécouvrir le clip de la chanson « Tonight, Tonight » des Smashing Pumpkins (Mellon Collie & the Infinite Sadness, 1995), réalisé par Jonathan Dayton et Valérie Faris, et dont l’hommage à Méliès fut inspiré par la couverture de l’album sur lequel figurait le titre.