La fin des cours venait de sonner et les trois inséparables amis Jess, le beau gosse, Vince, le sportif, et Bill, le geek, trainaient ensemble comme à leur habitude après l’école marchant, riant, jouant, insouciance incarnée par ces jeunes années, trio usine à jeux de mots, farces en tout genre, bêtises bon enfant, qui au tournant d’une allée qui marquait l’entrée dans le quartier résidentiel où se trouvait la maison de Jess
s’élancèrent dans une course dont l’enjeu était de ne pas finir traité de poule mouillée et dont rapidement le beau gosse et le sportif prirent la tête semant Bill qui, à bout de souffle, s’arrêta sur le côté de la route hors d’haleine, et qui, alors qu’il se remettait en marche après quelques instants de repos, tandis que le soir commençait à tomber et que les lumières des maisons et des rues s’allumaient,
eut soudain l’étrange sentiment d’être observé et pressa le pas agité, tremblant, regardant attentivement de toute part pour croiser les yeux de celui qui l’épiait sans succès jusqu’au moment où il lui sembla distinguer un regard mauvais, louche le fixer depuis une bouche de caniveau dont il choisit de se rapprocher pour voir ça de plus près sans finalement rien trouvé,
c’est au moment de repartir, ayant tourné le dos à la bouche, qu’il sentit deux mains puissamment lui saisir les jambes, le faire tomber au sol, mouvement dans lequel il perdit ses lunettes qui restèrent coincer dans le caniveau, et le trainer vers les égouts où bientôt retentit le bruit d’os craquant sauvagement sous les crocs d’un clown affamé, alors qu’à quelques rues de là, Jess et Vince, passés à table, dégustaient déjà le poulet rôti que la mère de Jess avait cuisiné, volaille saucée qu’ils nommèrent Bill en hommage à leur ami qui avait perdu la course.