L’Homme avait disparu. Toutes traces de sa présence ne pouvaient que décrépir dans la Ville Lumière. Certes elle était intacte. Mais les pas des gens pressés ne résonnaient plus dans ses rues. Ils avaient été remplacés par le cliquetis de la faune mécanique.
Claquant le pas de l’armée disciplinée, les fourmis suivaient leur chef. Entre craquelures dans le mur, réclames anciennes, filets d’eau: la première ouvrait la voie et les suivantes reproduisaient à la patte près le chemin tracé.
C’est elles qui occupaient pour le moment la partie nord de ce marais désolé. Mais elles se tenaient sur leurs gardes. Les crapauds s’étaient établis dans l’ouest du quartier et venaient régulièrement se nourrir chez leurs voisines.
Un mal pour un bien. Oui, la vigilance était de mise. Mais les pertes causées par le voisin bêtement affamé n’effaceraient jamais leur rôle incontournable. C’est elles qui se chargèrent de supprimer l’alimentation électrique durant la Grande Coupure. A cette occasion, les fourmis se taillèrent une place de choix dans le règne animal de l’ère mécanico-vectorielle.