Tout dans la Ville des Lumières n’était plus que marchandage et bassesses. Les espèces mécaniques cohabitaient sans se croiser, et limitaient leurs échanges à la stricte nécessité. En réalité, chacune convoitait le pouvoir sur la ville pour s’accaparer ses richesses. Mais la perspective d’une escalade de violence généralisée dont aucune espèce ne sortirait vainqueur neutralisait pour le moment tout passage à l’action.
Les combines allaient donc bon train. Et à ce jeu, les chats des quartiers Sud, se distinguaient par leur agilité. Comme personne ils savaient se faufiler, s’inviter, furter dans tous les quartiers, toutes les maisons, tous les repas. Ils cultivaient le don du vol à la tire, chipaient sur toutes les étales, dérobaient toutes les caches et réserves secrètes de leurs voisins.
Par leurs activités, les chats avaient accumulé un grand butin. Et les talents de cette guilde des voleurs ne tardèrent pas à séduire les puissants de la Ville des Lumières. Ces employeurs voyaient dans ces gentils félins un moyen sûr d’obtenir objets et informations de leurs rivaux.
Larcins, complots et convoitises : la nouvelle ère mécanico-vectorielle ne pouvait en tous points remettre en cause la période proto-évolutionnaire. Partout planait un esprit que les rues de cette ville avait déjà connu : la corruption à tout va, chère aux humains récemment chassés, revenait au galop.
L’Histoire rassemblait ses forces pour, une fois de plus, mieux se mettre en mouvement.