Témoin de cendre – Streetart par Hopare, Paris

Des villageois rassemblaient l’amas de bois, des villageois poussaient un homme vers le bûcher. Ses mains, ils les ligotèrent au poteau qui s’élevait au milieu du tas. Puis ils approchèrent une torche de la base et tout s’embrasa dans le hurlement des flammes et du malheureux. Ma conscience s’éveilla alors parmi les braises rouges, et, suivant ma vocation, je réunissais en cendres communes le supplice et le condamné.

Dans une maison, l’âtre accueillait un feu de bois, dans cette maison, deux amants s’aimaient en passionnels ébats. Leur étreinte brûlante, le feu la jalousait, désirant lécher de ses langues ondulées leur agitation charnelle. Son excitation claquante, crépitante le consuma tout entier, tandis que les corps connaissaient une ultime secousse. Mon regard gris, témoin du crépuscule, contemplait les tristes restes d’une passion achevée, dans l’impatience que le brasier fut ravivé.

Le froid leur donnait rendez-vous autour d’un baril ardent, le froid décomposait leurs mouvements en saccades. Leurs visages de charbon, la chaleur les réconfortait de ses reflets jaunes, et orange, et rouges. Ce feu des pauvres suscitait rires, anecdotes, contes et chansons, jetés là avec le papier des réclames et le bois des cageots qui alimentaient le foyer. Ma présence silencieuse les accompagna, emportant les débris émiettés de leur veillée joyeuse au gré du vent.


Street art par Hopare

Chaque intervention parisienne d’Hopare est une fête ! J’aime énormément le style de l’artiste et sa présence par ici est trop rare. Je vous invite à lire ses autres œuvres qui ont été publiées sur ce site.

Pour la publication de ce superbe portrait sur son compte Instagram, Hopare a rédigé un commentaire au sujet du sens de l’œuvre :

Passage rapide à Paris… La mémoire est une notion fondamentale dans le champ des arts plastiques. Elle introduit des questions relatives au temps, à la temporalité et à l’organisation du visible tout au long du XXème siècle. Trace d’un événement, signe mis en scène par l’artiste ou reconstitution d’un souvenir, l’œuvre devient alors un nouveau sujet d’investigation pour l’artiste dans son temps. L’homme se souvient. L’artiste la représente, la revisite sur différents supports.

L’idée qu’il met en avant au sujet de la mémoire a inspiré le texte publié ici. Le gris légèrement bleuté de ce visage s’est imposé comme une personnification des cendres, esprit et témoin de tous les feux et de leur commune destinée, écho de la chanson « Dust in the wind ».

C’est où ?

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Commentaires

2 Commentaires

  1. Aaaaaa….. Ca y est j’y suis !!!! 😊😊😊 La carte et tout et tout…
    Moi c’est gloptag au cas où… 😉🙏

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