Cela vous a peut-être échappé, mais le Louvre multiplie ces derniers temps les projets pédagogiques pour rapprocher le street art et ses collections. J’ai déjà eu ici l’occasion d’évoquer les visites « carte blanche » dans ses galeries, guidées par des artistes, ou encore, le lancement des 50 ans de mai 1968 sur le campus de Nanterre, lors de l’exposition « Sous les pavés le Louvre ». Cette fois-ci, c’est au Jardin des Tuileries que le musée donnait rendez-vous à l’art urbain.
Le temps d’un weekend, il était possible d’admirer au fil du jardin le résultat du projet « De la rue au Louvre ». En quoi celui-ci consistait-il ? Durant toute l’année scolaire, une vingtaine d’établissements et centres de loisirs d’Ile de France ont proposé à leurs élèves de découvrir l’art d’hier à partir de l’art d’aujourd’hui, par la pratique artistique.
Les élèves ont pu, pendant l’année écoulée, se promener dans le musée et choisir les œuvres dont ils souhaitaient s’inspirer pour leurs propres compositions. Plusieurs artistes se sont mobilisés à cette occasion, pour encadrer ces travaux, parmi lesquels on retrouve 13 Bis, Madame, Nadège Dauvergne, Ninin ou encore Michaël Beerens. Ils ont transmis à ces jeunes artistes leurs différentes techniques : collages, bombes aérosol, feutres posca, encre, mais aussi l’art d’assembler les mots, les symboles et les couleurs.
Le Louvre compte ainsi contribuer à l’éducation artistique et culturelle de ce jeune public, d’une part, en démystifiant l’institution musée et, d’autre part, en offrant de comprendre les liens qui existent entre l’art des musées et celui de la rue. Pour rendre cette approche toujours plus concrète, le musée a invité les élèves à traiter la thématique « Théâtre du Pouvoir », afin de découvrir les relations qui peuvent exister entre art et pouvoir. Dans cet esprit, la sélection retenue pour inspiration comptait La Liberté guidant le Peuple de Delacroix, La Madeleine à la Veilleuse de de La Tour, le Louis XIV de Hyacinthe Rigaud, Bonaparte visitant les Pestiférés de Jaffa du baron Antoine-Jean Gros.
Pour la dimension théâtrale de l’exposition, ce sont les étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais qui ont suggéré la scénographie. Ils ont proposé de disposer les œuvres des écoliers, collégiens et lycéens sur des panneaux rouge sombre, traversant les Tuileries, de la Concorde jusqu’à la Pyramide du Louvre. Ces panneaux rappelaient fortement les galeries du musée, et l’allée qu’ils traçaient était une invitation magnifique à poursuivre la visite au travers des collections du musée.
À noter enfin que l’on pouvait admirer de superbes pièces originales des artistes, éparpillées parmi les œuvres des jeunes talents qu’ils avaient accompagnés, ainsi que celles d’outsiders tels que Levalet, Patrick Pinon et Andrea Ravo Mattoni.
Pour plus d’informations sur les initiatives street artistiques du Louvre, je vous recommande de regarder ce dossier très riche, disponible sur le site officiel du Musée.
Tous mes remerciements à M. Cyrille Gouyette, coordinateur du projet, que vous pouvez retrouver sur son compte Instagram où il partage les coulisses des activités du Louvre.