\u00ab\u00a0Chacune de ses paroles, qu’elle attendait avec impatience, la br\u00fblait. Mais il y avait autre chose dans cette conversation, et cela la rendait encore plus p\u00e9nible, elle sentait que Maazel avait cherch\u00e9 cet entretien pour lui et non pour elle. Et elle en \u00e9prouvait de la rancune pour le chirurgien.<\/p>
Au moment de le quitter, elle lui d\u00e9clara \u00eatre persuad\u00e9e qu’il avait fait tout ce qui \u00e9tait en son pouvoir pour sauver son fils. Elle sentit que ses paroles apportaient un soulagement au chirurgien ; elle comprit \u00e0 nouveau qu’il se savait le droit d’entendre ces mots et que c’est dans ce but qu’il avait cherch\u00e9 \u00e0 la voir, et l’avait vue.<\/p>
Et elle se dit avec amertume que c’\u00e9tait d’elle qu’on attendait des paroles de consolation. […]<\/p>
Tous les souhaits de Lioudmila Nikola\u00efevna avaient \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s de fa\u00e7on nette et pr\u00e9cise, comme il convenait \u00e0 des militaires. Mais, dans l’attitude \u00e0 son \u00e9gard du directeur, de l’infirmi\u00e8re, du commissaire, on sentait qu’eux aussi attendaient d’elle apaisement et pardon. […]<\/p>
Tous les hommes sont coupables devant une m\u00e8re qui a perdu son fils \u00e0 la guerre, et tous cherchent en vain \u00e0 se justifier devant elle depuis que le monde est monde.\u00a0\u00bb<\/p>