L’Oc\u00e9an envoyait dans une onde continue ses vagues \u00e0 l’assaut des pierres du vieux port. Imperturbables, elles se fracassaient en une explosion d’\u00e9cume blanche, insensibles \u00e0 l’arrogance de la construction, ent\u00eat\u00e9es au point d’adopter l’acharnement comme mode op\u00e9ratoire.<\/p>\n
<\/p>\n
Au-dessus, le ciel offrait un miroir invers\u00e9 \u00e0 cette mer agit\u00e9e. Son bleu accueillait quelques nuages, formes impalpables distribu\u00e9es sereinement sans fin. Au bruit ber\u00e7ant des vagues, il r\u00e9pondait par le sifflement discret du vent se faufilant parmi les bateaux ici abrit\u00e9s.<\/p>\n
Arriv\u00e9s au bout de la digue, les voyageurs se repos\u00e8rent devant le th\u00e9\u00e2tre des \u00e9l\u00e9ments. Ils avaient d\u00e9j\u00e0 perdu le compte des jours depuis leur d\u00e9part. Seule la route \u00e0 venir \u00e9tait importante. L\u00e0, sur leur perchoir, ils respiraient \u00e0 pleins poumons le sentiment d’avoir atteint un bout du monde, point de bascule se confondant avec le passage de l’autre c\u00f4t\u00e9 de l’horizon.
\nLeur embarcation sonna sa prochaine sortie du port; sa lourde m\u00e9canique enclench\u00e9e commen\u00e7ait \u00e0 lib\u00e9rer de la fum\u00e9e. Le singe et l’oiseau \u00e9chang\u00e8rent un regard. La suite du p\u00e9riple les attendait. Les compagnons remont\u00e8rent la digue pour rejoindre le bateau, scellant sur le quai leur amiti\u00e9 dans cette aventure.<\/p>\n