‘Chi’Chi, Chrono-Exploratrice

La première fois que j’ai croisé un pochoir du personnage d’Akiza, c’était rue Meslay à Paris, tout près de République. La manifestation « Nuit Debout » battait alors son plein et le philosophe Alain Fikenlkraut venait d’y subir la colère des occupants de la Place. En voyant ce personnage, ses traits, il m’a immédiatement semblé qu’il sortait tout droit d’un manga. Restait à élucider un mystère : que représentait ce hublot à travers lequel ce personnage nous offrait son regard innocent. C’était l’évidence : son nom était ‘Chi’Chi, elle voyageait dans le temps à bord de sa chrono-capsule et pour leur l’heure sa mission était de retrouver le philosophe Finky pour sauver son monde.


#EPISODE1 Kidnapper Finky pour sauver le monde

street art par akiza stencilcrédit photo: Yohanan Winogradsky

‘Chi’Chi était arrivée sans encombre. Un rapide regard par le hublot semblait confirmer les coordonnées du point de translation: au bout d’une petite rue, à proximité d’une grande place, où des gens criaient qu’ils voulaient rester debout toute la nuit.

Tout semblait en place pour le projet « Avenir 2016 ». Elle demanda à Kinkali, son IA de soutien qui prenait le plus souvent l’apparence d’une petite boule de poils, de sécuriser la capsule chronotripique, puis d’afficher l’ordre de mission. Elle le gratifia de son « t’es trop choupinou! » habituel, ce qui lui valut une danse enthousiaste du petit animal.

Le contenu de la mission défilait à présent sur la surface de son bracelet contextuel: « sauver le philosophe Finky et le ramener sain et sauf vers le présent ». ‘Chi’Chi ne savait pas exactement qui chercher. Elle savait juste que les légendes de son pays parlaient d’un vieux sage ébouriffé des temps anciens qui saurait redonner espoir et foi en l’avenir à son peuple. Il fallait pour l’heure le repérer et le tirer des griffes de la peuplade hostile qui restait debout la nuit.

#EPISODE2 L’entraînement : la reconstitution moléculaire

street art par akiza stencilcrédit photo: Yohanan Winogradsky

Avant de devenir une héroïne du déplacement chronotripique, ‘Chi’Chi avait suivi un entraînement des plus stricts. Ingénierie, absorption gravitationnelle, développement de la masse musculaire, maîtrise psychique, histoire, linguistique… Autant de disciplines indispensables aux chronoexplorateurs.

À elle seule, la reconstitution moléculaire post-vectorielle lui avait pris 3 années pleines pour atteindre un niveau basique. Il fallait commencer par sauvegarder son empreinte physiologique complète. Celle-ci était ensuite stockée dans la mémoire des capsules chronotripiques avant chaque voyage, et servait de guide de vérification pour les arrivées de déplacement. C’est la volonté du chronoexplorateur, aidée d’une IA de soutien pour le calcul gigantique, qui reconstituait son intégrité moléculaire.

Et à cet exercice, la pauvre ‘Chi’Chi avait bien souffert! Les premiers essais se faisaient toujours sur micro-distances. Et comme tous novices, la coordination des mouvements lui faisait défaut.
Régulièrement, la reconstitution moléculaire capotait. Sa tête apparaissait à quelques enjambées de la capsule de déplacement, laissant baver derrière elle une traine moléculaire informe. Kinkali, son IA en forme de petite boule de poils, sautillait alors à sa suite et zigzaguait en couinant gaiment entre les morceaux mal assemblés de sa jeune maîtresse.

#EPISODE3 L’entraînement : l’absorption gravitationnelle

street art par akiza stencilcrédit photo: Yohanan Winogradsky

Une fois la reconstitution moléculaire post-vectorielle maîtrisée, notre pauvre ‘Chi’Chi n’était pas au bout de ses peines. Le déplacement chronotripique n’était pas sans effets sur le chronoexplorateur et soumettait son corps à d’importantes tensions du fait de la gravitation. Aussi comme tous candidats au permis de chronoconduire, ‘Chi’Chi suivit l’entraînement d’absorption gravitationnelle.

Des capsules chronotripiques de tests permettaient aux élèves de simuler des déplacements d’extrême grande vitesse, comparable à celle des véritables explorations temporelles.
Installés dans de telles conditions, nos chronoexplorateurs en herbe faisaient l’expérience de puissantes forces déformantes.

Lors de son premier essai, ‘Chi’Chi eut le sentiment que quelqu’un tordait son visage, à la façon d’une tuile. Comme si une puissance maléfique cherchait à joindre les bords diamétralement opposés d’un disque. Elle s’était également sentie tirée vers le sol de la capsule sous l’effet de l’accélération. Seuls ses yeux ecarquillés et les carreaux ronds de ses lunettes apparaissaient ainsi au hublot.

À l’extérieur de la capsule, Kinkali observait avec étonnement sa maîtresse changer de forme, et marquait par quelques sifflements courts mi-inquiets, mi-amusés son appréciation du spectacle.


Les épisodes sont également disponibles sur Instagram sur #chichichronoexploratrice

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